jeudi 13 décembre 2012

Qui a peur de Virginia Woolf ?




George
Martha
Martha et George rentrent chez eux après une soirée bien arrosée en fredonnant "Qui a peur de Virginia Woolf ?", sur l'air d'une des comptines des Trois petits cochons "Qui a peur du grand méchant Loup ?". Déjà bien attaqués par l'alcool ils se resservent un autre verre dans leur cuisine avec des gestes automatiques d’alcooliques  ordinaires. Sans tarder, Martha est d'une vulgarité inouïe et parle d'une façon odieuse à George son mari. Placidement lui, continu à déguster son whisky. Peut-être a-t-il l'habitude de la voir dans cet état, et répondre ne ferait qu'envenimer les choses ? Cela ne dure pas bien longtemps. Arrivés dans leur chambre, toujours le verre à la main, des reproches sournois et mesquins commencent à fuser des deux côtés.




Il est 2h du mat, et Martha annonce que des invités vont arriver, un jeune couple fraîchement débarqué dans la région, Nick et Honney. Les pics que se lancent Martha et George, gênent, mais cependant amusent assez Nick et Honney qui s'adonnent aux aussi à la boisson assez frénétiquement. Martha de plus en plus grossière aguiche ouvertement le jeune Nick sous l’œil de son mari et Honney picole du Brandy à n'en plus finir. La nuit risque d'être très longue. 
 
Nick
Honney


 

L'amour peut prendre plusieurs formes, et celui qui lie George et Martha est aussi fort que violent, et l'alcool qui sert ici de puissant révélateur, peut lever de gros gros lièvres. Les surenchères de bassesses, de cruauté verbale et de jeux aussi stupides que pervers, sont comme des sales coups portés au foieMartha humiliante devient humiliée, George passe de victime au statut de bourreau, Nick très élégant et très "comme il faut" s'avère être un sale opportuniste de carriériste prêt à tout pour réussir, et la timide Honney, chante, danse, rigole comme une hystérique et vomit beaucoup  sous tant de folie additionnée au Brandy. On l'a bien compris, la violence psychologique est à son comble !  




Ce presque huis clos (une scène d'anthologie dans un bar)  oppressant et éthylique est un ravissement. Liz Taylor est époustouflante, Sandy Dennis est à elle toute seule un film dans le film. 


 
Le même sujet est traité dans La Guerre des Roses, mais dans un tout autre style. Le couple Katleen Turner et Michael Douglas sont aussi vaches et cruels, mais leur dispute et beaucoup plus "sportive" et comique. On rigole aussi dans "Qui a peur de Virginia Woolf ?" mais les rires sont beaucoup plus amers.
Petite parenthèse,  je souhaiterais rendre un petit hommage à Kirk Douglas qui vient de fêter ses 96 ans il y a quelques jours à peine, et reste le seul acteur vivant de sa génération. Voilà qui est fait.  






Quand on connait les déboires (jeu de mot) du couple Elizabeth Taylor/Richard Burton, on sait que ce n'est pas vraiment un rôle de composition, et c'est d'autant plus gonflé que pour le rôle de Martha, Elizabeth n'a pas hésité à s'enlaidir et à prendre une dizaine de kilos ;))
 





"J'ai été excessivement chanceux toute ma vie, mais ma plus grande chance a été Elizabeth (Taylor). Elle est timide et spirituelle, elle n'est la dupe de personne, c'est une actrice brillante, elle est belle au-delà de tous les rêves pornographiques, elle peut être arrogante et entêtée, elle est clémente et aimante, elle tolère mes manques et mon ivrognerie, elle est une douleur au ventre quand je suis loin d'elle, et elle m'aime, moi !" Extrait du journal intime tenu par Richard Burton.

2 commentaires: